samedi, juillet 28, 2007

Georges de La Tour


J’ai un peu de honte à t’écrire, mon cher Georges, mais beaucoup de fierté aussi. Que te dire, toi qui, mieux que quiconque, as su montrer l’indicible ? D’autres avant moi se sont essayé à t’écrire, souvent avec bonheur. Tu fus longtemps dans l’ombre de l’Histoire, on ne te connaissait pas, on savait seulement quelques jolis tableaux ; ton nom se murmurait, comme un secret, à la lueur des bougies. Je suis sûr que ça ne te déplaisait pas, au fond, pourvu que ta lumière réchauffe.

J’ai une Madeleine épinglée près de mon lit, qui me veille et qui prie, l’ange apparaît à Saint Joseph et tient une flamme vacillante au dessus du bureau, tu es là chez moi et tu m’aides. Tu m’aides comme tu aidas un groupe de résistants du Vercors, tu m’aimes comme tu aimes tous ceux qui savent se réconforter à ta douce lumière. Tu es la nuit et le silence, tu es le jour et la lumière. Tu m’attends, quand je m’arrête un instant et tu me rappelles la vanité de la vie, le non-sens de l’espoir, la présence de la mort, le devoir de la vie. Tu me rappelles que tout n’est pas toujours visible, qu’il vaut mieux allumer une bougie que de maudire les ténèbres et que quelqu’un, à cet instant, dans la solitude d’un monastère oublié, prie pour le salut de mon âme. Comme avec quelques autres, la vie est bien plus belle grâce à toi. Ce soir, Madeleine et son crâne veilleront encore sur moi.



(OST : John Lee Hooker - Six page letter)

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