dimanche, juillet 08, 2007

tract


"On n’arrête pas les nuages en construisant un bateau."
William BLAKE

Le CPE n’est que la face émergée de l’arbre qui cache la forêt d’icebergs à laquelle nous nous heurtons tous les jours. Nous, c’est un collectif de travailleurs sociaux des Hauts-de-Seine bossant dans ce que nos chères élites appellent les "quartiers difficiles". Nous, c’est les racailles et les dealers, les caïds et les lascars, les gosses battu-e-s et ceux et celles qui vont bien ; nous c’est toi et moi quand on préfère fermer les yeux ou quand le poing renonce à se dresser.

Bien sûr, il y a le CPE, mais nous n’avons que faire d’aider des jeunes à s’insérer dans une société en ruines, dans ce lupanar du fric dont la réussite professionnelle est le seul maquereau. Nous ne choisirons jamais entre la mort et la honte, le lard et le cochon, le CDI au Quick de Nanterre et le CPE au Mc Do de Colombes. Nous sommes debout.

Bien sûr, il y a l’immigration choisie, quand la seule liberté de circulation effective dans notre beau pays est celle des capitaux et non des êtres humains. Nous, racailles universelles et cocu-e-s éternel-le-s de l’Histoire, avons toujours accueilli et accueilleront toujours nos frères et sœurs de misère, camarades du néant. Nous sommes au monde.

Bien sûr, il y a le rapport d’orientation n° 05.435 du Conseil Général des Hauts-de-Seine, et de son président, par ailleurs ministre de l’intérieur et président du parti au pouvoir, qui veut rendre chaque travailleur social aussi délateur qu’un collabo en 1940 et aussi consciencieux qu’un flic au soir du 17 octobre 1961, englué dans la concupiscence et la servitude volontaire, et surtout, surtout, n’oublie pas de rendre à la fin du mois les statistiques du nombre de jeunes que tu auras sauvés de l’enfer de la drogue et du chômage. La Résistance n’est encore qu’un désordre d’initiatives individuelles et de courage ; nous préférerons toujours emmener un gosse au théâtre plutôt qu’à la (dé)Mission Locale ou à l’ANPE, et nique sa mère si ça rentre pas dans leurs stats à la con. Nous sommes ailleurs.

Nous, c’est tous les combats, révolté-e-s du quotidien, émeutier-e-s des justes causes, poils à gratter de l’éphémère. Travailleurs sociaux, racailles, sans-papiers, chômeurs-euses, lycéen-ne-s, paysan-ne-s, drogué-e-s, insoumis-es, révolté-e-s, poètes-sses maudit-e-s, salarié-e-s, rien de tout ça, tout ça à la fois, sœurs et frères de misère, de lutte, d’intelligence et d’émotion, nous n’avons pas d’avenir, nous n’en avons jamais eu, il n’y a qu’aujourd’hui et cette pluie qui tombe, il y a ce bateau auquel nous avons renoncé ; hier il pleuvait, aujourd’hui il pleut, vienne la tempête. Nous sommes le vent.


(merci à Thib pour la tof
OST : Arthur H - Avanti)

Aucun commentaire: