lundi, mars 30, 2009

Conservateur, gardiens, et autres billevesées...



Fini le temps des vieux barbichus binoclards à l'accueil, place à la polyvalence du gardien de musée à la française : il est perché, il est sniper ; de sa viseuse, il vous accueille dans un sourire.





Quand le gardien dudit musée par trop s'ennuie, son congénère lui raconte la blague de la bite vaudou. Ou l'informe que l'important dans les musées, c'est d'en bien contrôler l'accès. Depuis les toits jusques aux caves. Et sûr qu'en matière de caves, ils s'y connaissent, sur les toits...





Compétence à haute valeur ajoutée sur un Cours-il-court-l'homme Vite-hé de gardien de musée : le master de reconduite ("ah, l'affront, hier..." soupire-t-il, l'homme à droite, en ressassant son échec de la veille à l'épreuve pratique)





Les douces attentions du public à l'égard de la difficile tâche qui leur incombe (et surtout qui leur décombe) à ces valeureux hommes (mais gardiens de musée avant tout !!!).
 




Les badauds (non munis de billets coupe-file, eux) applaudissent aux fallacieuses provocations d'une horde bravache tentant de semer le trouble chez le big boss des gardiens de musée, Monsieur le Conservateur.





Quand les vieux gardiens barbichus et binoclards indiquaient la Joconde à chaque touriste japonais, les nouveaux se reconvertissent sur le coeur-de-cible sub-saharien, marketing oblige... 













(Manifestation contre l'inauguration de la médiathèque Abdelmalek Sayad au musée de l'immigration, lundi 30 mars 2009. Etaient attendus Mmes Albanel et Pécresse, MM. Darcos et Besson, sont finalement venus MM. Besson et Toubon (?!?!) qui ont finalement renoncé à prononcer leurs discours devant des hordes de manifestants hostiles et hénervés à l'hintérieur et à l'hextérieur dudit musée...)


(Une collaboration Anti/Ubi)









A part ça, bienvenue au glorieux camarade forumesque Askatom dans le monde des bien jolis blogs photos qui déchirent leur mère... (la preuve) :

dimanche, mars 29, 2009

la très sainte Trinité


La Kriek se renverse au Sportwereld sur la jupe blanche alors qu'Elle fume sa clope après ses frites-mayo.

Les quatre vieilles, à la table d'à côté, se marrent comme des collégiennes.

Une des vieilles :

"- Allez hein, vous inquiétez pas, ma p'tite dame, ça n'arrive qu'aux vivants..."

Un temps.

Elle répond que la v'là baptisée, maintenant, la jupe.

La vieille se marre :

"- Baptisée, c'est sûr... Au nom du père, d' la frite, et de la sainte Kriek..."
























































La plus wack'n'wall version de la chanson la plus wack'n'wall au monde, (kassdédi au Belge) : Johnny B. Goode par les Pirates

dimanche, mars 22, 2009

interruption momentanée du service...


Une petite semaine en Belgique / bière / frites / surréalisme-land fera le plus grand bien...

(Pour ceux-elles qui veulent, on se voit vendredi soir à Bruxelles pour une soirée/nuit d'anthologie !)











Et, pour patienter, la baffe de découverte zizikale qui tourne en boucle ici, du velours et de la dentelle mâtinés de cristal, Berry, le Bonheur

samedi, mars 21, 2009

Fuck la Nation !


Et même si on le savait avant, ça a été un vrai carnage.

Putain de souricière de trou à rats de guet-apens de merde que cette putain de place de la Nation que les syndicats ont gentiment proposé à la Préfecture de police pour une manif qui s'annonçait autant "revendicative" que le gouvernement est "pédagogique" (dixit ce ******* de Bernard Thibault)

300 arrestations, putain, plus celles pas comptabilisées, et 49 procédures judiciares entamées.

Cette fin de manif, bordel, ce traquenard...

Encore la vision de ces trois rangées de keufs multipliées par six lignes qui encerclent Nation, et qui resserrent, et qui resserrent, alors qu'il ne se passait rien...





Et ce chef keuf qui dit à ses gars en montrant sa matraque : " Allez, on peut les dégager comme au bon vieux temps..."

Je sais même pas comment j'ai réussi à me faufiler entre les lignes.

Les civils partout, la BAC partout, les CRS et les Gendarmes Mobiles aussi.

Les civils, par grappes de cinquante, matraque téléscopique à la main et gazeuse de l'autre qui coursent la centaine partie en tentative de manif sauvage.

Le regard des gens, hallucinés et pétrifiés. 

A l'angle de la rue de Montreuil et du boulevard de Charonne, des gens balançaient des trucs du haut du quatrième étage de leur immeuble. 

Une vingtaine de civils défoncent un gars qui a eu l'audace de siffler au passage de trente CRS. Plaqué contre le mur puis explosé par terre.

Tou-te-s les pote-sse-s au téléphone semblent s'en être sorti-e-s par je ne sais quel miracle.

Ca vient et ça monte, certes, mais ça pue sacrément.








(Et les photos de la manif, quand même...)















































































































Et le mot de la fin...















(Pour les connaisseur-euses de la géographie parisienne, la première photo est prise depuis le premier anneau de la place de la Nation, au niveau des entrées métro/RER, et la ligne de bleus faisait tout le tour de la place, et ils ont resserré en deux minutes dans une superbe chorégraphie vers la statue centrale, grossissant ainsi le nombre de rangées, suite à quoi les rangées de l'arrière ont effectué le mouvement inverse pour éloigner les badaud-e-s et ceux-elles qui avaient réussi à sortir de l'étau. Du grand art.)

jeudi, mars 19, 2009

règles et chleuasme




Des fois, tu te dis que tu fais vraiment le plus beau métier du monde (avec sage-femme et barman).

Cette aprème à Nanterre (pas mes rêves !), avec un groupe de gosses de 15-16 ans autour d'un "Projet sur les luttes contre les discriminations". En gros, on va au ciné ou au théâtre et on tchatche ensuite. Et des fois, on se voit juste pour tchatcher. Comme aujourd'hui. Et je sais plus trop comment on en arrive là, mais le camarade A., pétillant et grandiose d'habitude, demande à ma collègue, un peu gêné et intrigué des hormones : "Au fait, ça vous fait mal quand vous avez vos règles ?". 

D'un coup, les trois potes font moins les marioles. 

Et la I., elle raconte, du coup, dans le silence. 

Cinq minutes plus tard, C. : "Moi aussi, ça me fait mal, quand mon père il m'envoie des règles à la gueule. Même qu'à la fin aussi, j'ai la gueule en sang..." Eclat de rire général qui vient rompre l'attention. C. le rigolard qui trouve toujours la vanne pour détendre l'atmosphère. 

Sauf que là, cinq heures plus tard, en écrivant ces mots, en écrivant SES mots, je me demande s'il ne faudrait pas simplement le prendre au pied de la lettre, que tout ne serait pas si joyeux, surtout à la maison, et que les règles, au sens propre et au sens figuré, ça fasse sacrément mal ; par delà les éclats de rire. 

Plus tard, dans la soirée, avec des plus vieux de 17-18 ans, dehors. La nuit est tombée, ça fait longtemps qu'on s'est pas vus et, l'air de rien, on va discuter pendant une bonne heure. Avec H., celui qu'est un de mes chouchous (c'est mal !), tellement il est fin, brillant de langage, d'humanité et d'humour. L'archétype de ce que j'aimerai que mon futur gamin devienne. Un des trois seuls du tiékar à qui j'ai offert le Requiem des innocents de Calaferte, c'est dire. Celui qui kiffe trop apprendre des mots et qui a claqué un jour un beau "Madame, ne faites pas preuve de procrastination !" à une conseillère de l'ANPE qui lui proposait un rendez-vous le lendemain alors qu'il était arrivé juste avant 18 heures. Et que, du coup, penaude, elle l'avait reçu.

Et donc que je raconte au H. que j'ai appris un nouveau mot. En l'occurrence "chleuasme". Regard interloqué ainsi que celui de ses cinq potes. Et vazy que chacun essaie de deviner ce que ça veut peut bien vouloir dire. Ca dure plus de dix minutes avant que je ne daigne lâcher le morceau et la définition (le fait de se déprécier afin de recueillir les compliments de l'autre. Ex : "-Chuis pas intelligent. -Mais si, euh, arrêteuh....").

Illico, les six gars font : "Ah ouais, on voit... C'est trop un truc de meuf, ça !!!" H. dit que "c'est trop un truc de fou, le français, en fait, si ça se trouve, quand tu sautilles sur trois mètres à cloche-pied, y a un mot qui dit ça et personne ne le sait." Comme la procrastination, le fait de remettre au lendemain ce que tu peux faire le jour même. Le M., il est pas d'accord, il dit que c'est plus simple de dire d'arrêter de remettre au lende.. Finalement, si, il en convient, la procrastination, c'est mieux.

Justement, les filles arrivent. L. et E. Pour une fois, les gars se taisent. Au bout de cinq minutes, elles en seraient presque à s'inquiéter. "Ben non, qu'ils disent, on voulait voir si vous alliez chleuasmer..."

Et qu'après avoir disserté sur la possibilité du verbe "chleuasmer" et de toutes ses conjugaisons, les gars en viennent à parler du dictionnaire. Le H. claque qu'il y a des gens qu'ils le lisent en entier de A jusqu'à Z comme un roman. Que lui s'est arrêté à "âne". Mais que y a des gens ils sont allés jusqu'au bout.

Et qu'ils se sont rendus compte, finalement, "que c'est le zèbre qu'a fait le coup"...














lundi, mars 16, 2009

Viva la muerte !






Puisque c'est toujours les meilleurs qui s'en vont les premiers (la preuve, Bashung est mort tandis que Sardou est bien vivant),

Puisque Hadopi aussi un peu,

La ouorld ouide Ubifaciunt international corporation est heureuse de vous offrir un des trésors de ses archives :

L'intégralité de la mythique interview des trois lascars sur la photo en 1969...





1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

jeudi, mars 12, 2009

Rebel without a cause (la Fureur de vivre)




Ah ouais, quand même...

Le Pouvoir tremble...

Passkeuh là, faut pas déconner...

Pas contents pas contents !!!

Deux mois qu'on l'attend celle-là, que la base pousse et chauffe un max, qu'on a encore les sanglots en repensant à la fin de la dernière à Opéra (1).

Pas contents pas contents !!!

Et c'est pas comme si y avait pas les copain-ine-s ultramarin-e-s (2) depuis et un peu d'héroïsme et de dignité dans une lutte (3).

La frange de Thibault frémit, les lunettes de Mailly s'embuent, le bouc de Chérèque frétille (4).

Pas contents pas contents !!!

Attention, la riposte syndicale deux mois après va faire très mal, même qu'une grève générale ça se décrète pas, alors on va créer les conditions d'un mouvement pour montrer notre nombre qu'on est pas contents sur la place publique.

Surtout ne pas arriver à Opéra, ouh là là trop risqué !!!

L'Assemblée on évite.

L'Elysée, on n'y pense même pas. Ah ah.

Les Champs ? Non.

Chez les riches, risque de y a voir de la casse.

Pas contents pas contents !!!

Ah y a même les étudiants, les médecins, les enseignants (chercheurs ou pas), les magistrats, les chômeurs et les rageux et les autres qui poussent et les usines qui ferment !!!!

Ahhhhhh y a toutes les conditions pour....................

"Ou alors ça va péter !
Ca va péter !!!"

Pas contents pas contents !!!

Ce que considérant, le big three syndical a décidé d'appeler à la destruction du capitalisme au moyen d'une grève générale intergalactique d'une journée sur un parcours allant de...

Roulements de tambour...

Suspense insoutenable...

(Cours camarade, le vieux monde est derrière toi !)

Un parcours de malade, un truc de ouf, un vertige revendicatif insensé...

République - Nation (5).

Et vous plaignez pas, on passera ptêt par Bastille (6)...














(4) : Les syndicats sont nos amis, jamais jamais, ils ne nous ont trahis (4.1.)...

(4.1.) :
(5) : Ah, Nation, bien connue pour avoir été repensée par Haussman pour être à la croisée des feux entre le fort de Vincennes et l'actuelle caserne des gardes républicains de Répu. Le traquenard de fin de manif parfait. La plus facile à gérer par les keufs. Quand suspicion de manif un peu chaude, bizarrement, ça arrive bien souvent à Nation...

(6) : Ce que considérant, la motion populaire "Guadeloupe partout, Grèce générale !" a été écartée par le triumvirat représentatif. 











Et, pour finir sur une joyeuse note, une bien belle reprise de la Complainte de Mandrin, en l'occurrence insurgé, qui date de décembre 1995... Ah, décembre 1995...

samedi, mars 07, 2009

Rebetiko








POST SCRIPTUM (à mon tour...) : 

On vient de me faire parvenir le texte préalable à celui que je commentais. "Ce qui s'est allumé en Grèce". J'en suis pour mes frais et pour ma grande gueule de remarques sur la situation historico-sociologique. Dont acte, là dessus, c'est à moi de me taire. (Ami boulet de l'informatique ou camarade aveugle, clique sur les z'images pour lire le texte en grand...)

Pour le reste (leçons d'organisation et suite), je ne retire rien.

Et je comprends d'autant moins que, partant d'un constat d'une telle justesse, l-es auteur-e-s en arrivent, dans leur Post-scriptum, à des conclusions d'une telle arrogance.













Cher-e-s camarades,




C'est avec un grand intérêt que j'ai lu "Nous sommes partout" et votre post-scriptum "Quelques considérations sur l'émeute et les moyens de l'insurrection, à la lumière de l'incendie grec" (1).

C'est surtout sur ce dernier que je voudrais revenir, le premier texte n'étant qu'une brillante considération générale sans trop de rapports avec la situation grecque.

Je parle en mon nom, de mon ombre à peine éclairée par quelques nuits passées à la lumière de l'incendie athénien.

Je parle au nom de quelques ami-e-s, de l'ombre, tout autant.

Et je me marre autant que je flippe.

Vous me faites penser à ces Français venant de débarquer dans une des nombreuses facs occupées d'Athènes et dont les premiers mots étaient de nous demander si nous avions "des nouvelles de Julien Coupat". Ces Français flippés d'aller à l'AG parce que pas de traduction. Ces Français ne parlant qu'entre eux. Ces Français qui déploraient que les textes écrits par les groupes athéniens ne parlent pas assez de la situation en France, mais uniquement de la mort d'un môme de 15 ans et des flammes d'Athènes.

Du nombril à l'omphalos, il y a un monde.

Vous en restez au nombril.

Je reviens au texte.

Vous partez du postulat dialectique "émeute" vs "insurrection". Soit. Ou comment appliquer à une situation étrangère une grille de lecture française, d'autant plus référencée que "l'insurrection" fait diablement penser au petit livre dont on parle tant en ce moment et à ce graffiti fameux : "étincelle à Athènes, incendie à Paris, c'est l'insurrection qui vient".

Il est intellectuellement douteux de parler de la situation grecque sans évoquer, ne serait-ce qu'a minima, l'histoire grecque depuis l'Occupation de 1941, la Guerre Civile, les Colonels, les JO de 2004, les incendies de 2007 et autres billevesées à peine signifiantes. Ce qui aurait pu vous éviter, par exemple, ce terrible contre-sens : non, la tentation n'a jamais été de prendre le Parlement. Si les manifestations passent régulièrement par Syntagma, c'est pour constater, à chaque fois, la vacuité du pouvoir. C'est pour s'accrocher à quelque chose qui n'existe pas. En témoignent les slogans lancés systématiquement. Pour comprendre cela, peut-être aurait-il fallu parler et écouter un peu plus.

Ou alors, c'est que vous n'y étiez pas. Mais je ne veux pas croire, que, dans ce cas, vous osiez écrire ainsi sur ce sujet.

Il est proprement dégueulasse de ne pas dire un mot de la mort d'Alexis, de la putain de mort d'un gamin de 15 ans.

Il est bien peu digne de donner des leçons d'organisation : "Ce qui a manqué, c'est...", "Dans les assemblées, faire un peu plus que refaire le monde". Je ne connais pas beaucoup d'AG où se décide, à 600 personnes, la minute prescrite pour l'assaut d'un ministère, de deux postes de police, de trois banques. Je ne connais que peu d'endroits où les autoréductions sont quotidiennes, je ne connais guère de lieux où la première entreprise lors d'une occupation a été d'ouvrir à la tronçonneuse la porte de la cafét' pour établir une cantine ouverte, gratuite et populaire gérée par des enfants. Quant aux médecins et pharmaciens : "Si vous prenez ce médicament et que, par hasard, vous descendez en centre-ville, ne l'utilisez surtout pas au milieu des gaz lacrymogènes." Si par hasard vous vous retrouvez là-bas...

Mais vous savez sans doute mieux.

Non pas "QUE FAIRE", mais "COMMENT FAIRE"...

Comment bloquer les flux, axes de communication ou voies d'apprivosionnement dans une ville où rien ne sert de bloquer les trains puisqu'ils ont au minimum quatre heures de retard, où bloquer l'économie reviendrait à arrêter les paysans qui chaque jour apportent les fruits et légumes sur les marchés d'Athènes, où bloquer les importations ruinerait les dockers du Pirée...

Comment, dans une ville dont vous ne maîtrisez ni l'histoire ni les codes, créer une "insurrection" ou une "perspective révolutionnaire".

Comment être des représentants de cette France qui a toujours été à l'avant-garde du mouvement révolutionnaire international.

Comment créer une commune autre qu'Exarchia, au moment où celle-ci était.

Comment créer les conditions de "l'insurrection qui vient" en France. A Athènes. Ailleurs.

Je parle au nom de ceux qui voudraient comme vous ; mais qui ne sont pas des vôtres.

De ceux qui restent volontairement dans l'ombre, sans vouloir être les parangons de la contestation radicale.

De ceux qui ne donnent pas de leçons, sauf aux donneurs de leçon de votre ordre.

Mais de ceux qui sont là.

D'Athènes à ailleurs.

De la France qui ne détient pas la vérité mais se soude à celle, relative, d'Athènes ou des Antilles.

Depuis votre départ de Grèce -pour peu que vous y fussiez- les actions continuent, quotidiennes. Du saccage en règle. Un seul conseil : retournez y, regardez, parlez, écoutez, apprenez, et témoignez.

Ou taisez-vous.




Ubifaciunt










"Quand on transforme l'authentique jouissance en plaisir marchand, la destruction du système devient une oeuvre d'art".

















(1) : "Post-scriptum :

Quelques considérations sur l’émeute et les moyens de l’insurrection, à la lumière de l’incendie grec.

En Grèce il y a eu des occupations massives, des émeutes, mais pas d’insurrection. On n’en était pas loin pourtant, avec ces affrontements généralisés, cette capacité des émeutiers à se projeter (au moins au début) pour attaquer des cibles choisies et surtout la sympathie réelle d’une grande part de la population à l’égard des révoltés. Alors, en effet, le pouvoir vacille, et même des flics anti-émeutes songent à lâcher l’affaire : un membre des MAT confiait ainsi courant décembre au Figaro qu’il préférerait largement pouvoir retourner élever des chèvres dans son village plutôt que de continuer à courir après des jeunes, un masque à gaz vissé sur le visage. Mais quel est le seuil, entre l’émeute plus ou moins généralisée et l’insurrection ? Qu’est-ce qui manque pour que la révolte grecque devienne irréversible, au point que tout retour à la normale ne puisse être désirable ou même envisageable ?

La question est pour nous incontournable, surtout si on considère qu’en France tout peut commencer une fois de plus par un mouvement. Et à la lumière de l’incendie grec, il apparaît bien qu’il ne suffira pas, pour faire basculer la situation, de pousser à leur intensité maximale les formes classiques du mouvement de contestation. À Athènes ou Thessalonique il y avait bien les facs occupées, des manifestations tournant systématiquement à l’affrontement, une organisation matérielle permettant de tirer des textes, de se soigner, des cuisines collectives…

Ce qui a manqué c’est une perspective révolutionnaire. Un élan qui embarque toute cette force collective, ou quelque chose comme une petite musique qui enveloppe d’un même mouvement la lutte et la vie, l’organisation stratégique et la circulation des affects, des amitiés. Dépasser la situation émeutière, dans un contexte comparable à ce qui se joue en Grèce, passe peut-être par des gestes décisifs à penser, à trouver. D’où la tentation toujours présente de prendre le Parlement (alors même que le pouvoir a déserté depuis longtemps les lieux du pouvoir). D’où aussi les récentes attaques au fusil automatique contre la police et les appels à la lutte armée de masse qui ont suivi. À l’évidence, aucune de ces deux tentatives n’ont pour le moment permis de faire basculer la situation.

Ouvrir une perspective révolutionnaire implique en tout cas de constituer un plan ou une force matérielle présentant plus de consistance. Une force qui prenne réellement en charge la question incontournable de l’approvisionnement. Occuper des endroits où on puisse vivre pour toujours, occuper autre chose que les lieux transitoires d’un mouvement des quartiers entiers, la ville. Devenir le territoire. Une commune se constitue quand on se met à occuper les endroits où on habite réellement. Et dans les comités de quartier, dans les assemblées, faire un peu plus que «refaire le monde» : tisser les solidarités concrètes qui permettront que ça tienne. Se réapproprier les moyens de vivre et lutter, les savoirs-faire d’ordre technique, médicaux en commençant par discuter avec les ouvriers de l’usine du coin, des infirmiers et des médecins. En s’assurant de l’usage collectif d’un garage, d’une boulangerie. Ne plus simplement brûler les poubelles, mais décider comment les ramasser.

Toute la puissance du soulèvement grec ne s’est certainement pas encore actualisée. Elle s’est trouvée contenue principalement du fait de limitations internes : la révolte n’a pas été réduite de l’extérieur, par la force ou par la famine. Et cette spécificité est loin d’être anecdotique : elle implique qu’en Grèce, l’insurrection n’a pas encore eu lieu ; mais sa défaite non plus. L’événement en appelle d’autres et cette répétition force quelque chose dans le présent. Elle le charge des désordres à venir et de questions qui redeviennent sérieuses, pertinentes : comment passe-t-on de l’émeute généralisée à l’insurrection ? Que faire une fois la rue acquise, parce que la police y a été durablement défaite ? Comment recomposer des réseaux d’approvisionnement autonomes ? Que signifie se débarrasser du pouvoir ?

Si les événements grecs résonnent en nous à présent c’est qu’ils permettent aussi de reposer, dans le réel, l’hypothèse révolutionnaire.

Rebetiko n° 0, janvier 2009
Chants de la plèbe."







"Ouvrir une perspective révolutionnaire implique en tout cas de constituer un plan ou une force matérielle présentant plus de consistance." (Ah ah ah...)











Pour mémoire :

le texte

les photos










Pour les esgourdes :

un Rebetiko, donc, beau à en pleurer...

jeudi, mars 05, 2009

Isabelle Boulay : comme son nom l'indique...


A peine le temps de boire mon caf' du matin que j'allume l'ordi et tombe sur ça à la une de Yahoo (pages people) (1)

"J'ai beaucoup bercé mon bébé sur le dernier disque de Carla Bruni quand je l'allaitais"...

Outre l'immonde léchouille qui doit expliquer qu'Isabelle B. sollicite de fait un poste de secrétaire national à un poste quelconque (2), la magie de la langue française nous apprend que la dite Isabelle s'est fait léchouiller ses dits seins par la Carlita.

Bah oui, tout est dans le pronom (3)...






...Et même en matière de grammaire comme dirait mon bon monsieur Grevisse !






(1) : Oui, je sais, ça me détend de savoir qui couche avec qui, exemple Jeanne Balibar et Philippe Katerine, vous saviez vous ? Moi avant Yahoo people, non, et j'ai même vu les photos aux César. C'est dingue, hein...

(2) : Après Gilbert Montagné aux handicapés (on ne rigole pas !), bientôt Isabelle B. secrétaire nationale à l'outremer et au Québec ?

(3) : Pour les rares ignares, la forme suivante aurait été correcte : "Quand j'allaitais mon gnome, je l'ai beaucoup tapé contre les murs en écoutant cette bouse musicale qu'est le dernier disque de Carla Bruni"




Pas d'Isabelle B. dans la discothèque mais une version powerful keupon à la Westcoast de Quelqu'un m'a dit par les Scums...

Deep East




Envie d'une bonne grosse baffe de RN 3 dans la gueule.





Fin de l'hiver, furieuse envie de la Nationale qui va de Reims à Verdun, la tranche d'Histoire bien grasse et signifiante.

Les cimetières, les villages disparus, la route plate et morne au milieu des champs de betteraves.

Là où l'Est ça cause.

Violemment.

Le début des bourgeons même pas marcescents. Encore explosés de givre et de brume.

"Ô mes conscrits des cent villages" qu'il chantait, le stal de fou d'Elsa.

Pas de Beaugency ni de Vendôme, ici.

Mais Mourmelon, la pensée émue à chaque fois pour cette ingrate de Lou et le camarade Guillaume. 


"Ma Lou je coucherai ce soir dans les tranchées
Qui près de nos canon ont été piochées
C'est à douze kilomètres d'ici que sont
Ces trous où dans mon manteau couleur d'horizon
Je descendrai tandis qu'éclatant les marmites
Pour y vivre parmi nos soldats troglodytes
Le train s'arrêterait à Mourmelon-le-Petit
Je suis arrivé gai comme j'étais parti
Nous irons tout à l'heure à notre batterie
En ce moment je suis parmi l'infanterie
Il siffle des obus dans le ciel gris du nord
Personne cependant n'envisage la mort"


Mais Souhain-Perthes-Les hurlus, bleds rasés en 14.











Mais Varennes, juste à côté de Sainte-Menehould et de sa recette du pied du cochon. Varennes et la fuite. Varennes et la légende. Varennes où des têtes commencent à tomber. Varennes d'où "l'on n'emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers".

Mais Valmy. Valmy et le moulin. Valmy et Kellermann. Valmy et les poils de l'idée qui se dressent quand des va-nu-pieds moururent pour défendre l'Idée. Valmy et Goethe et le grand Totor et les soldats de l'an II.


"Ô soldats de l'an deux ! ô guerres ! épopées !
Contre les rois tirant ensemble leurs épées,
Prussiens, Autrichiens,
Contre toutes les Tyrs et toutes les Sodomes,
Contre le czar du nord, contre ce chasseur d'hommes
Suivi de tous ses chiens,

Contre toute l'Europe avec ses capitaines,
Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines,
Avec ses cavaliers,
Tout entière debout comme une hydre vivante,
Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvante
Et les pieds sans souliers !

Au levant, au couchant, partout, au sud, au pôle,
Avec de vieux fusils sonnant sur leur épaule,
Passant torrents et monts,
Sans repos, sans sommeil, coudes percés, sans vivres,
Ils allaient, fiers, joyeux, et soufflant dans des cuivres
Ainsi que des démons !

La Liberté sublime emplissait leurs pensées.
Flottes prises d'assaut, frontières effacées
Sous leur pas souverain,
Ô France, tous les jours, c'était quelque prodige,
Chocs, rencontres, combats ; et Joubert sur l'Adige,
Et Marceau sur le Rhin !

On battait l'avant-garde, on culbutait le centre ;
Dans la pluie et la neige et de l'eau jusqu'au ventre,
On allait ! en avant !
Et l'un offrait la paix, et l'autre ouvrait ses portes,
Et les trônes, roulant comme des feuilles mortes,
Se dispersaient au vent !

Oh ! que vous étiez grands au milieu des mêlées, 
Soldats ! l'oeil plein d'éclairs, faces échevelées
Dans le noir tourbillon,
Ils rayonnaient, debout, ardents, dressant la tête ;
Et comme les lions aspirent la tempête
Quand souffle l'aquilon,

Eux, dans l'emportement de leurs luttes épiques,
Ivres, ils savouraient tous les bruits héroïques,
Le fer heurtant le fer,
La Marseillaise ailée et volant dans les balles,
Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales,
Et ton rire, ô Kléber !

La Révolution leur criait : - Volontaires,
Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! -
Contents, ils disaient oui.
- Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes !
Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes
Sur le monde ébloui !

La tristesse et la peur leur étaient inconnues.
Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues
Si ces audacieux,
En retournant les yeux dans leur course olympique,
Avaient vu derrière eux la grande République
Montrant du doigt les cieux ! ..."











Mais Verdun.

Mais dingue comment 14 et 92 se lient à ce moment là, à vingt kilomètres près, les mêmes gueux paysans arrachés à leur terre pour une putain d'idée de foutue république.

Sauf que.

Des volontaires.

Et d'autres non.

Ou pas.

"Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places" qu'il disait le stal, chanté par le Léo et la Barbich'.

Envie de froid, de deep East, de rudesse, de betteraves et de terre.

















Le Léo chante le stal, donc... Tu n'en reviendras pas (et moi non plus)

dimanche, mars 01, 2009

C'est facile de se moquer...





Oui c'est vrai, j'avoue qu'au matin, la vue de la redoutable police anti-émeute chinoise à l'entraînement m'a bien fait marrer.

Mais bon, juste après le dernier hoquet qui fait que ton café est irrémédiablement foutu, t'es grillé quand t'entends la grosse voix du patron demandant si tout va bien, qu'icelui rapplique tandis que t'essaies péniblement de fermer la fenêtre de l'ordi et d'essuyer le café comme tu peux, que c'est le drame, une fois de plus, dans ta vie, à cause des zélés fonctionnaires.

Et, pour ne rien arranger, juste après, je me suis ressouvenu de ça et de ça aussi... Et là, c'était grave foutu.





Comme quoi, les diverses techniques employées en représentation par nos fonctionnaires zélés restent quand même une source inépuisable de fendage de gueule.

En représentation, parce que bon, soyons sérieux, c'est en pratique que ça se gâte. Et du rire aux larmes pendant une heure et demie, le malaise et la gerbe.





Parce que de toute façon le chef veille au grain (des poulets).